Relisant mes commentaires du portrait de Clémence, j'ai découvert que je n'avais parlé que de technique. Même constat concernant le portrait de Perrine jouant à l'eau.
Visiblement, je ne suis pas capable de parler spontanément des sentiments qui m'animaient lorsque je les réalisais. C'est moins difficile de parler de ce que j'éprouve devant un paysage de montagne, de la manière dont je l'aborde, je l'observe, je l'apprivoise et me laisse apprivoiser.
Mais comment dire tout ce qui se passe dans le coeur quand il s'agit des petites-filles ? Ça déborde, même si le geste se sécurise un peu par l'intermédiation de la photo. On essaye de "prendre de la distance", on se dit pour se rassurer qu'on interprète une image sur un morceau de papier ! Mais non, il n'y a rien à faire, le coeur bat plus fort, le geste est plus retenu, plus doux peut-être que pour la nature morte ou le paysage.
Derrière la photo de Perrine, ses rires fusaient. Dans ma tête passaient toutes nos histoires communes, nos réciproques découvertes depuis son berceau, nos jeux, ses câlins, ses regards si rieurs ou malins ou boudeurs. Nos trop rares moments passés ensemble. Tout cela a voulu passer au delà du pinceau, et je suis malheureux de ne pas avoir su tous les exprimer.
En abordant le portrait de Clémence j'étais plus angoissé. Je mettais cela sur le compte de la difficulté du geste à accomplir, de la ressemblance qu'il ne fallait pas rater. A la réflexion, la difficulté technique était un bon alibi. J'avoue : Clémence me regardait sans cesse. Elle a un regard particulier, encore celui de l'enfant qui découvre le monde et s'en étonne, en même temps déjà tellement mûr et sûr de lui. A la fois interrogateur, bienveillant et conquérant tout en douceur vers son Papy. Qui fond. Du haut de ses cinq ans passés, elle m'impressionne !
En réalisant ces portraits j'avais très peur. De ne pas "faire ressemblant", de ne pas trouver la juste couleur, de ne pas équilibrer la composition, de ne pas distinguer les bonnes valeurs ... En réalité je n'avais peur que d'une chose : que Clémence et Perrine ne voient pas dans mes coups de pinceaux que je les aime.
Une jolie déclaration d'amour pour tes petites-filles!
RépondreSupprimerJe pense qu'on ne photographie ou ne peint que ce et ceux qu'on aime, non?
Et pour paraphraser le Petit Prince, j'ajouterai même: on ne peint bien qu'avec le cœur...
RépondreSupprimerRéponse à Cristal91 :
RépondreSupprimerCette formulation est géniale. Merci Saint-Ex et merci Christine.
C'est valable aussi pour les autres formes d'expression créative. Y compris le scrap-booking comme on le voit sur ton blog, Christine.
La formulation me rappelle aussi des passages de la thèse de mon ami Radouane traitant des Systèmes d'Information ! Si cela vous paraît bizarre je vous l'expliquerai peut-être un jour.