Autoportrait au pastel - Un problème de rendu photographique

Peinant à trouver un modèle, je me suis placé devant le miroir. J'ai essayé le pastel sec, conseillé par Loïc à l'Atelier Municipal d'Arts Plastiques.

La technique est assez sympa, pleine de possibilités. Je ferais d'autres essais.

Par contre il est difficile de se regarder, de prendre de la distance avec son sujet. De plus, celui-ci bouge tout le temps.

"Tu t'es représenté trop sévère", me reproche-t-on. Mais le modèle n'était pas drôle, certainement  trop préoccupé par son travail, comme le peintre l'était par le sien.



La photographie du pastel pose un problème : les bleus sont rendus trop clairs et éclatants.
Problème semblable en photographiant des aquarelles où certains bleus (bleu de prusse) se révélent presque fluos ! Voir par exemple la falaise près des chalets de Salles.
Je n'arrive pas à corriger mes photos pour redonner sa vraie place au bleu employé. Quelqu'un saurait-il me conseiller pour obtenir des photos plus honnêtes ?

Contre-jour à la Tornerie

Le soleil nous fait parfois de beaux cadeaux et se place de telle sorte qu'une scène tout à fait ordinaire puisse prendre un relief particulier. En montagne, même lorsque le soleil est encore assez  haut, ses rayons peuvent se faire rasants le long de pentes, et nous offrir en contre-jour des effets saisissants mais éphémères.

Un après-midi d'Août, j'accompagnais quelques aquarellistes à la Tornerie, à Plaine-Joux. Face à nous, le soleil a illuminé arbres et chalets. J'ai tenté en quelques minutes de saisir l'impression qui s'en dégageait.



 

Aquarelle et liberté

L'aquarelle m'apporte un sentiment de liberté. Je l'ai pratiquée longtemps seul dans la nature, sans avoir appris, nul ne me disait ce que je devais faire ni comment je devais le faire. Les résultats étaient bien naïfs et maladroits, et certainement aurais-je pu avancer moins lentement en suivant les leçons et conseils de professeurs. Peu m'importe. J'ai gagné pas à pas mon autonomie face aux paysages, d'abord, en découvrant que je ne savais pas les regarder, (je ne sais toujours pas bien, mais maintenant je sais que je ne sais pas ...). J'ai appris que pour me sentir libre il fallait me laisser apprivoiser par eux.
J'ai lutté pour conquérir mon autonomie face aux papiers, aux couleurs, à l'eau, aux pinceaux. Au début, chacun n'en fait qu'à sa tête ! Maintenant je sélectionne les papiers, pinceaux et quelques pigments des moins récalcitrants. Mais surtout  j'ai appris que je ne trouve mon chemin de liberté que si je laisse l'eau et les couleurs trouver le leur. Ma liberté n'est jamais aussi grande que lorsque je la partage avec eux.

Ce n'est que lorsque je me suis senti plus autonome face aux paysages, aux couleurs et aux pinceaux que j'ai pu communiquer : montrer ce que je faisais, en discuter. Exposer. Puis accompagner. Enfin ... me laisser accompagner et guider ! En liberté.

Laissez-moi illustrer mon propos par une aquarelle pour laquelle j'ai particulièrement ressenti cette liberté ... dès lors que j'ai accepté de laisser la leur aux éléments. Le résultat n'est pas génial, mais ce fût un grand pas pour moi.






Je ne peux pas parler de liberté aujourd'hui sans exprimer mon respect pour les peuples Arabes, Iranien, Birmans, Indonésiens et bien d'autres qui luttent et risquent leur vie pour la liberté.

Et nous autres, français ? J'ai l'impression que nous nous comportons  plutôt comme de chanceux héritiers de nos ancêtres révolutionnaires et résistants : oubliant à quel prix ils acquirent la liberté, nous jouissons de l'héritage sans l'entretenir, le laissant progressivement se dégrader. Un jour, nous faudra-t-il de nouveau payer le prix fort, car notre liberté est grignotée petit à petit, dans les entreprises et dans la vie de tous les jours. L'étau de la pensée unique s'est considérablement resserré, tous les moyens sont bons pour le formatage des cerveaux : organes de presse et système d'enseignement les enferment trop souvent dans le même réseau d'idées pré-digérées, où la loi fondamentale est la loi du marché.

En comparaison de la lutte des peuples opprimés, la liberté cherchée dans la pratique de l'aquarelle peut sembler incroyablement futile et égocentrée. Pourtant je crois qu'elle peut nous aider. Au moins nous apprend-elle que la liberté n'est pas donnée gratuitement. Elle se conquiert, il faut l'arracher, en luttant d'abord contre nous-même. Et elle n'existe que si elle est partagée.

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