Instantanés : Daniel et Clément


 
Daniel et Clément sont deux musiciens chanteurs canadiens : la Virée Folks, pleine de verve et de drôlerie, d'humanité et de poésie.
 


 
Pas question de leur demander de tenir la pose pendant leur concert ! Or ils sautent, dansent, gesticulent ...
 


Tenter de saisir au vol quelques gestes, quelques attitudes, c'est tout ce que j'ai pu faire.
Voici quelques uns des dessins obtenus.



Par moment, obnubilé par leur gestuelle, je peignais sans regarder ma feuille de papier.

Plusieurs fois j'ai failli tremper mon pinceau dans ma verveine du soir.

Ils sont merveilleux et sympas, chapeau les artistes !

Alpage à Plaine-Joux. Retrouvaille.



Les balades-aquarelles venaient de reprendre, début Juillet. Malgré le soleil éblouissant il faisait frais. La recherche d'un confort minimum mi-soleil mi-ombre nous a conduit dans cet alpage, tout simple. Les cloches des vaches carillonnaient sans cesse. Tout en donnant les explications de base à la débutante que j'accompagnais, j'ai pu consacrer un peu de temps à dégourdir mes doigts et mes pinceaux, rapidement.
Chaque fois que je reprends les pinceaux après une trop longue période d'interruption, je suis surpris de ma gaucherie. Cependant, même si le résultat n'est pas très satisfaisant, je retrouve le plaisir de regarder la montagne dans les yeux, et cette espèce de tranquille exaltation qui vient lorsqu'elle me dit deux ou trois choses d'elle que je tente alors d'exprimer en  couleurs.

Balade Aquarelle au cirque du Fer à Cheval à Sixt.


Eddy, regardant ma représentation de la cascade de la gouille verte, demande si je me tourne vers l'abstraction. Est-ce parce que la composition est insolite ? que le "sujet" n'est pas assez explicite, peut-être pas assez conventionnel ? La nature nous offre souvent des vues surprenantes que nous savons mal observer et que nous n'osons que bien peu représenter.

Voici une photo de la gouille verte : la nature s'offre ainsi, nous essayons d'en percevoir des formes, des couleurs et des lumières qui, ainsi assemblées, évoquent en nous des émotions.  Nous essayons d'en saisir une part, d'en forger une image mentale ou matérialisée : à proprement parlé une abstraction, même si la photo ou le dessin semblent "fidèles".




Autre exemple : du pied de cette cascade de la Gouille Verte, on observe, sur le flanc opposé de la Combe, la cascade du Violon qui descend du glacier du Prazon. La lumière du matin illumine les alpages du Prazon (qui étaient encore dangereusement exploités il y a environ un siècle !). Leur belle couleur verte, presque fluo, alterne avec le sombre d'impressionnantes falaises. Les cascades dévalent et coupent ces zébrures.

Comment peut-on rendre compte, sur un si petit morceau de papier, de l'immensité de la montagne qui nous domine si fortement ?

 

Balade Aquarelle au Cirque du Fer à cheval à Sixt. La gouille verte.


Vers le fond de la Combe, après une petite heure de marche depuis le parking, on traverse le ruisseau de la Vogeale et on arrive à la cascade de la Gouille Verte, toujours spectaculaire, même si on n'en aperçoit qu'une faible partie inférieure.

Vivement les balades aquarelle de l'été 2012 !

Chalet de l'alpage de Raty,
au pied de la Haute Pointe

Bientôt les vacances, enfin.

Chaque semaine, du 7 juillet au 25 août, le Village-Vacances Les Chavannes à Onnion organisera quatre ou cinq balades-aquarelles. Pour les vacanciers du village-vacances, bien sûr, mais aussi pour les habitants, et tous ceux qui voudraient se joindre à nous. Adultes, débutants ou confirmés. Le matériel est fourni contre participation aux frais de 5 euros.

Les balades-aquarelles sont avant tout des moments de détente, de contemplation et de bien-être, très conviviaux. Nous vous y accompagnerons avec beaucoup de plaisir.

Renseignements à l'accueil des Chavannes : 04 50 35 71 71.

Erratum concernant le "camp de césar" à Taverny

Commentant l'Eglise de Taverny vue depuis la forêt, j'ai indiqué que celle-ci était dominée par un oppidum celte. Les fouilles qui ont été effectuées ces deux ou trois dernières années ont conduit à dater l'enceinte du site de la fin de l'âge du bronze, environ 900 ans avant JC. L'enceinte était quadrangulaire, constituée essentiellement d'une levée de terre s'appuyant sur un mur de pierres, précédée d'un fossé. Elle a été endommagée et reconstruite un siècle plus tard environ. Bien plus tard les gaulois l'utilisèrent comme carrière. Ils édifièrent une construction carrée à l'intérieur de l'enceinte.
Le tout forme donc les plus anciennes fortifications connues en Ile-de-France encore visibles. Passé et présent se rejoignent ici, une partie du terrain étant encore ... militaire.

Sculpture sur bois

Il y a 40 ans environ, travaillant sur le site de l'ancienne usine à gaz de Clichy-la-Garenne, j'y ai récupéré un morceau de poutre de chêne largement enduite de bitume et de scories qui allait être brûlé. J'en ai extrait difficilement (Dieu que ce bois est dur !) cette main gauche naïve, un symbole concret et vécu de la dureté du travail manuel.

Pourquoi ai-je dépensé mon énergie à cela ? Pour autant que je m'en souvienne, je n'avais pas d'autres buts que de tirer quelque chose de ce morceau informe, le transformer, retrouver l'usage de mes mains quand mon travail professionnel ne faisait plus appel qu'à ma tête. Le choix du "sujet" s'est imposé de lui-même.

Plusieurs problèmes techniques sont apparus, qu'il fallait résoudre au fur et à mesure. D'abord retirer la couche de bitume. Le tranchant du ciseau à bois y a gagné une large encoche, car de gros clous enfoncés dans le bois étaient cachés par le bitume. Réparer le ciseau. Couper la poutre en deux dans le sens de l'épaisseur. Improviser des outils. Chaque étape était une aventure et m'apprenait quelque chose.

Fixer solidement le morceau et puis "rentrer dedans". Taper, taper, taper encore. Dans ce bois on n'avance que petit à petit, et il faut frapper fort. Gare aux coups de maillet sur la main gauche, aux ampoules dans le creux de la main droite. Taper, mais ne se préoccuper vraiment que de la forme, qui naît d'abord dans la tête, s'y transforme progressivement au vu de ce qui émerge peu à peu du bloc de chêne, comme animée d'une vie propre. Sans cesse la forme voulue se confronte à celle qui apparaît, et qui finira par s'imposer. Enfin, quelques finitions. Une création, au sens propre. Un défouloir, une thérapie contre la vie qui nous pousse à n'être que des consommateurs.

C'est tout.

La main de bois a été accrochée quelques temps à la maison -il fallait bien justifier tous ces efforts- puis elle a passé de longues années quelques part au fond du garage. Oubliée. Au gré d'un rangement combien nécessaire elle fut regardée comme un objet intéressant, et a repris une place sur un mur. Avec je crois, un autre statut : elle est là maintenant davantage pour sa fonction d'ornement due à ce qu'elle est, et bien moins comme symbole de ce lent et passionnant processus de sa naissance et de son devenir que mes mains ont vécu.

Or, c'est ce processus de création qui m'intéresse, m'interpelle, m'attire, m'apprend, parfois m'exalte, avec tout ce qu'il comporte de questions, de difficultés, de problèmes à résoudre,  d'essais, d'erreurs et ratages, voire d'échecs définitifs, de frustrations donc, mais aussi, dans cette lutte avec moi-même, de quelques avancées, de belles surprises, de sentiment d'accomplissement, si modeste soit-il.

L'histoire est identique pour les aquarelles, même si la création y est moins physique. Encore que ... parfois ...

C'est toute cette genèse que je veux faire découvrir. Je ne peux partager le processus de création tant il est personnel, intime même. Je ne peux pas le montrer, je ne peux dévoiler qu'un résultat, figé, aride. C'est ce que je fais dans ce blog, avec la naïve intention d'inciter les lecteurs-spectateurs à s'y essayer aussi, s'y chercher et s'y découvrir, lutter, s'y accomplir un peu, changer leur statut de spectateur en celui de créateur.

Je suis certain que nous avons tous la capacité de créer, de faire de jolies choses, mais nous sommes le plus souvent enfermés dans une prison de convenances et de règles, qui placent dans une petite case les artistes créateurs référencés et dans une autre les spectateurs et clients. Les artistes professionnels nous apportent beaucoup : ils jettent sur notre monde des regards nouveaux, décalés, nous apprennent à le voir sous d'autres facettes, nous aident à nous projeter dans l'avenir. A côté d'eux nous sommes tous les créateurs du monde de demain, chacun à notre manière. Il y a ceux qui chantent, dessinent, dansent, font du théâtre, bref ceux qui pratiquent en amateurs des arts répertoriés, mais il y a aussi celles et ceux qui décorent leur logement de manière originale, qui tricotent, créent de jolis vêtements, qui imaginent et cultivent de beaux jardins fleuris, qui confectionnent des maquettes, qui cuisinent de merveilleux plats, et bien d'autres choses encore. Ces pratiques sont créatives et non seulement récréatives. Il peut se révéler plus de personnalité créatrice dans la confection d'un bouquet de fleurs du jardin que dans la peinture à l'huile, plus d'imagination dans la confection d'un repas que dans la pratique de la musique, plus d'inventivité dans la décoration de sa maison que dans la danse classique. Nous sommes entourés de gens ordinaires talentueux qui pratiquent, uniquement pour le plaisir, des activités qui, sans être forcément cataloguées comme "artistiques", illuminent des vies de tous les jours.

Derrière tous ces talents qui nous enchantent, il y a certainement du plaisir, mais il y a aussi du travail : un jour il a fallu oser se confronter à la matière, y mettre ses mains, son énergie, sa patience et son audace. L'art, aussi mineur soit-il, forge des personnalités, loin du prêt-à-porter ou du prêt-à-penser.

A Onnion, je ne trouve rien de plus beau au cours d'une balade-aquarelle que lorsque l'un ou l'autre "se lâche", tente quelque chose, avance, se découvre et se dépasse. Peu importe alors le résultat visible, l'important est dans le bout de chemin parcouru dans l'intime.

Grès émaillé : la dame en bleu


Poursuite de mes essais de grès émaillé, à l'Atelier Municipal d'Arts Plastiques de Taverny.

La terre est un matériau particulièrement sensuel : la forme jaillit directement des mains qui la pétrisse. Mais elle a son caractère et parfois ses caprices, qu'elle manifeste parfois sournoisement, à la cuisson, tout comme l'émail qui l'habille.

Techniques ancestrales qui ne cessent de se moderniser, les céramiques nécessitent semble-t-il beaucoup d'expériences et de connaissances. Mais même pour le débutant qui a encore tout à apprendre, elle offre de formidables possibilités de création.

Je suis parti d'un morceau de terre sur lequel je laissai aller mes doigts sans savoir a priori quelle forme en serait engendrée. Par moment, la terre s'anime, suggère des expressions, qui en appellent d'autres. Ici ce n'est pas une pause qui s'annonçait mais un mouvement, un geste en cours d'accomplissement. J'ai voulu garder l'impression de mouvement.

Prendre exemple sur Cézanne ...


... telle était la consigne donnée pour ce travail à l'atelier, en acrylique sur papier. C'était vers la fin 2011, un de mes premiers travaux à l'acrylique.

Curieusement, ce petit exercice m'a permis de mieux comprendre les aquarelles du Maître.

Le Tour, sous le col du Creux : composition florale.



Une autre jolie composition florale, faite dans la nature.

Le Tour sous le Creux : fleurs des champs



C'était la dernière des balades-aquarelle de l'été 2011. Nous étions cinq, dont une jolie petite fille d'un an environ, qui accompagnait ses parents. Il fallait un emplacement où elle puisse s'ébattre sans problème. Nous avons choisi un pré en partie fauché seulement. Cela nous a permis de nous assoir dans l'herbe, d'y laisser jouer la petite afin qu'elle n'accapare pas trop ses parents, et de se laisser inspirer par quelques fleurs et plantes de la fin Août qui avaient échappé à la faux. Voici le travail de Julie, la maman.

J'aime cette belle simplicité.

Amical simplement


Quelque part dans une grande boucle de la Seine se cache un havre de verdure et de calme. Là, ce qui n'était il y a quelques années qu'une friche cachant les restes d'une maison plus que centenaire est devenu, par le patient travail de ses propriétaires, un petit parc où la nature garde toute sa place, accueillant une demeure pittoresque.

Le tilleul se cache derrière le hêtre pourpre. Un méli-mélo de fleurs de jachère longe l'allée qui mène à la maison, invitant le visiteur en toute simplicité.

 Ici tout respire la liberté et l'amitié.  

Balades Aquarelles, Juillet-Aout 2012

Chaque semaine du 7 juillet au 25 août 2012, le village-club "les Chavannes" à Onnion (un centre de vacances pour les familles où chacun, quelque soit son âge, trouve des activités passionnantes) organisera des balades aquarelles, parmi de multiples autres activités.

Chaque balade dure une matinée ou une après-midi. Les balades sont variées, nous partons en groupe (pas plus de six) et chacun sur place choisit son sujet. Le matériel d'aquarelle est fourni.

Renseignements :
à l'accueil des Chavannes  leschavannes@leschavannes.fr 04 50 35 71 71
ou pour des précisions concernant les balades aquarelle et/ou le stage aquarelle (semaine du 28 juillet au 4 août) marc.desreumaux@orange.fr



Terre cuite émaillée

C'est un essai, une technique que je découvre. Très éloignée de celles de l'aquarelle, elles ont au moins un point commun : le résultat est une surprise car la matière joue sa propre partition. A l'aquarelle, c'est le mouvement et le séchage de l'eau qui, entraînant les pigments, va créer ses effets. Pour la terre émaillée, les émaux vont entrer en fusion sous l'effet de la température, ils vont couler, se mélanger, des effets chimiques vont se produire.




Le sujet : un homme encore bedonnant, torse nu, est assis. Son chapeau cache son visage, il détourne le regard. Une sébille est posée à ses pieds. Il fait la manche : il y a quelques années, il avait encore un "vrai" travail.

Photos ratées, images simplifiées





Ciel bleu, magnifique soleil, dos et pieds pas encore complètement en compote, nous voilà partis pour la Pointe de Miribel. L'appareil photo crépite mais il a de nouveau des réactions bizarres. A cause du soleil je ne peux pas vérifier le résultat sur le petit écran de contrôle.

Le soir je découvre la catastrophe : les "plus belles photos" de la semaine sont brûlées et tachées. L'appareil a certainement pris l'eau le matin et il est devenu un peu fou. J'ai failli tout mettre dans la "corbeille" virtuelle, mais je voulais au moins garder les "exif".

Plus tard, j'ai cherché à "voir" les photos que j'avais voulu prendre : j'ai joué uniquement sur la luminosité et le contraste, et parfois sur la saturation des couleurs. Et les photos se sont mises à parler : ces "mauvais traitements" ont simplifié les images et révélé des parti-pris de la composition. Ils rendent lisibles des rythmes, des structures, des éléments qui auraient été noyés peut-être dans des photos trop riches. En voici quelques exemples, d'autres suivront.

Ces photos ratées me révèlent à quel point il faudrait que j'apprenne à simplifier aussi mes aquarelles. Devrais-je pour cela laisser mon papier prendre l'eau ? ( ;-)

Le tilleul de Bernay




Depuis quelque temps déjà le tilleul de Bernay-en-Champagne se doutait de quelque chose. Le soleil de printemps a beau se monter le col comme pour faire croire à l'été, le vieil arbre garde obstinément son air triste d'hiver, comme s'il voulait que le temps fût suspendu.

Régulièrement son copain l'écureuil tente de le sortir de sa mélancolie : il saute alternativement du sapin au tilleul, du tilleul au sapin, jouant au clown équilibriste sur les petites branchettes. Entre deux pirouettes il se fige, jetant un regard interrogateur vers les volets de la maison : Mamie n'est plus là pour remercier d'un sourire la joyeuse pantomine. 

Ils sont seuls maintenant.

Les roses séchées



Moments difficiles, stress latent, continu.

Pour diminuer la pression, rassembler quelques objets. : un vase en étain un peu tordu, un bol bleu et quelques roses séchées, disposés à la hâte sur le rebord de la fenêtre. Et laisser le pinceau diriger la main et la tête, sans enjeu apparent. Se plonger dans la forme, la couleur et l'observation de la lumière, aussi mauvaise soit-elle, à tête perdue. Peu importe le résultat, c'est le geste qui compte.

Au bout d'un moment, sans savoir pourquoi ni comment, décider, avec regret, qu'il faut arrêter maintenant. Et sentir, surpris, que l'on a alors repris ses idées en main.

Petit paysage de neige.



Mercredi 7 mars. La neige a beaucoup fondu. Les pentes ont retrouvé leurs couleurs : gris-bleu des rochers, terres orangées des forêts de fayards, verts et bleus sombres des conifères contrastent violemment avec la blancheur des plaques de neige qui résistent ici ou là. Merveilleux spectacle, dont je voudrai saisir ne serait-ce qu'un brin de sa mystérieuse alchimie colorée.

Pas complètement guéri de ma folie de la veille je repars en montagne pour tenter une aquarelle.

Je me retrouve dans une petite combe. Au fond la neige est épaisse, mais sur ses flancs elle a fondu et on voit déjà apparaître le sol. Je reste à l'ombre pour ne pas rééditer l'aveuglement de la veille, mais je vise un sujet sur le versant ensoleillé, à quelques mètres.



Je veux prendre le temps de l'observation et noter sur ma feuille ce que j'en comprends.

Rapidement j'ai froid. L'eau gèle dans mes gobelets (cette fois, pas d'eau tiède !). Les couleurs n'en font qu'à leur tête. Quelques diffusions fonctionnent pas trop mal, et les retraits deviennent faisables.
De temps à autre je place le bloc de papier au soleil et au vent, à quelques mètres de mon tabouret. Vaille que vaille, cela sèche un peu.
Trois quarts d'heure à une heure plus tard  je prends le temps d'une petite virée photos, puis je plie bagage. L'aquarelle est encore humide, mais je ne peux pas la garder à la main car le terrain est trop accidenté : je suis obligé de la ranger dans le sac à dos avant qu'elle ne soit sèche. A nouveau le rabat du bloc de papier vient écraser la couleur... Après tout, ce n'est pas plus mal, peut-être.

Rentré à la maison, j'ai la surprise de découvrir sur le papier les couleurs et valeurs de ce que j'ai fait en grande partie involontairement :  elles sont plus ternes, moins contrastées que ce que je voyais sur place.

Ce n'est peut-être plus de la peinture d'aveugle, mais de borgne assurément.

Paysage de neige à Plaine-Joux



Mardi 6 mars 2012. Ce matin, grand soleil, mais le gel a formé une bonne croûte sur la neige, les raquettes n'enfoncent pas. Je décide d'aller m'installer au sommet du tertre à l'entrée de Plaine-Joux, pour un sujet simple et rapide.
Sur place, il est difficile d'installer le tabouret pliant, qui s'enfonce dans la neige jusqu'à hauteur du siège ! Avec les raquettes j'aménage rapidement une espèce de petite plate-forme de laquelle le tabouret émergera à mi-hauteur.
J'ai pris la précaution d'emmener de l'eau tiède, avec laquelle je remplis mes gobelets : mais ainsi réchauffés, ils s'enfoncent dans la neige ! Avec un peu de neige je rafraichi l'eau jusqu'à une température "raisonnable" qui maintiendra les gobelets en surface.
Pour assurer ma stabilité et garder mes pieds au sec je garde mes raquettes aux pieds, le sac à dos par dessus. Il servira de tablette à mon attirail : crayon, boîte de peinture, boîte à pinceaux, mouchoirs en papier... Mon bloc de papier est posé sur mes genoux.

Je cadre rapidement, plaçant quelques repères sur ma feuille, mais je me rends compte que je suis déjà ébloui par la réverbération du soleil sur la neige. Je dois faire des efforts pour distinguer les couleurs : plisser les yeux, regarder alternativement à travers et au-dessus de mes lunettes qui foncent à la lumière.

Je commence par le ciel, en utilisant comme à l'habitude les pigments qui sont restés sur la palette.
Je mouille le papier : l'eau gèle par endroit sur la feuille, formant des cristaux de glace qui empêchent le pigment d'atteindre le papier. Je souffle dessus pour le réchauffer et permettre ainsi la diffusion de la couleur. La combinaison de la glace et du souffle tiède provoquent de curieux effets.

Rapidement, à cause de la luminosité, je ne distingue plus les couleurs ni sur ma feuille ni sur la palette.  Le ciel sera donc de la couleur (ou des couleurs) que le hasard à placée là.
Pour le reste je pioche la couleur directement aux godets dont je connais l'emplacement dans la boîte, sans pouvoir distinguer si la couleur est la bonne.
C'est une espèce de peinture à l'aveugle.

Impossible de régler l'humidité, même au toucher : tout est froid, et d'ailleurs presque rien ne sèche. Je tamponne aux mouchoirs, j'offre la feuille au soleil. Curieusement, certains pigments semblent sécher plus rapidement que d'autres.

J'improvise, mais c'est la galère.
Après vingt minutes de bataille je plie bagages. L'aquarelle n'est pas sèche.
Je retourne à la voiture. L'aquarelle n'est toujours pas sèche.
Je retourne faire un petit tour pour prendre quelques photos, au retour l'aquarelle n'est toujours pas sèche.
Je rentre. A ma descente de voiture l'aquarelle n'est toujours pas sèche.
Tant pis, je replie dessus le rabat du bloc, qui provoquera de nouveaux effets très aléatoires.

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