Sérénité sous le Col du Creux

Je suis revenu me poser sous le col du Creux, seul dans le grand champ qui domine le petit hameau du Tour, à l'endroit où j'avais accompagné quelques vacanciers aquarellistes quelques jours auparavant. 

C'est la fin août 2009, les ombres s'allongent. La lumière joue à travers branches et troncs des sorbiers des oiseaux, déjà joliment ornés de leurs grappes orangées et rouges. C'est à la fois grand et calme. On sent que la nature doucement prépare l'automne.

Un homme est arrivé loin derrière moi. Il porte barbe et longs cheveux blancs, et de vieux bleus de travail de la terre. On dirait qu'il n'ose pas s'approcher, bien que je sois chez lui, dans son champ. A mon invite il regarde, compare au panorama original, hoche la tête, me parle de l'exposition annuelle des artistes d'Onnion. Il apprécie mon travail même s'il conteste quelques couleurs, et je ne crois pas qu'il s'agisse d'une simple politesse. Je suis particulièrement sensible à l'intérêt qu'il porte à mon dessin.

Je ne terminerai cette aquarelle que bien des mois après. Je n'aurai pas retiré la gomme à réserver, qui laissera quelques séquelles, j'aurai raté l'effet de contre-jour dans les sorbiers, et la composition ne sera finalement pas très réussie. Qu'importe : je conserve dans ma mémoire sans savoir où la classer, l'impression si pleine de sérénité de ce lieu à ces instants.


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