Pinceaux naturels ou synthétiques ?

Ce blog n'est pas destiné à aborder les sujets techniques qui font déjà l'objet de nombreuses publications, mais certains points habituellement passés sous silence méritent qu'on s'y attarde un peu.
A tous les débutants qui fréquentent les balades-aquarelle à Onnion j'explique que nous utilisons surtout des pinceaux à lavis en "petits-gris". Les petits-gris sont des écureuils d'Asie (il s'agit de plusieurs espèces), on utilise les poils de leur queue parce que ceux-ci retiennent très facilement l'eau, grâce à la forme des écailles microscopiques formant la gaine des poils. En réalité les fabricants mêlent souvent les poils d'écureuils avec ceux d'autres espèces animales (mustélidés, chèvres, poneys ...) et même parfois avec quelques fibres synthétiques.
D'autres pinceaux d'origine animale sont utilisés pour l'aquarelle. Les plus renommés sont en martre, et particulièrement en martre rouge Kolinski, qui retiennent fortement l'eau et qui sont plus nerveux que les petits-gris. On les utilise aussi pour l'huile, la gouache, l'acrylique. Là encore, ce qui est vendu sous le vocable de Martre cache des mélanges divers : des mustélidés tels que belettes, fouines ... mais aussi d'autres genres.
Où est le problème ? En fait il y en a plusieurs.

D'abord un "simple" problème d'information des consommateurs que nous sommes : sous diverses appellations "on" nous vend n'importe quoi. La qualité n'est pas suivie : cela s'explique par le fait que par nature (!) les poils des animaux sont forcément tous différents, et même s'ils sont triés avec soin, le fabricant ne peut pas les certifier. De plus, beaucoup de pinceaux sont montés à la main, il y a donc forcément des différences. Malheureusement, des fournisseurs en profitent pour refiler des marchandises qui ne correspondent pas à ce que l'artiste en attend. J'ai pu vérifier que le prix n'est pas toujours gage de bonne qualité, même pour des marques réputées sérieuses. Quand on paye un pinceau plusieurs dizaines d'euros on devrait pouvoir espérer qu'il ne s'effiloche pas dès les premières oeuvres.

Le deuxième problème, qui n'est pas second, m'a été soulevé par des vacanciers aquarellistes cet été aux Chavannes.
Les animaux qui "prêtent" leurs poils pour les artistes sont pour la plupart des animaux que l'on dit sauvages. Souvent sibériens, ils sont chassés avec des méthodes qui sont, elles, réellement sauvages : collets, pièges à griffes et à pinces, etc. Les animaux sont généralement tués pour leurs fourrures ; les poils servant à faire des pinceaux en sont un sous-produit. Il existe aussi des élevages : fouines,  belettes, hermines, visons etc.
Notre confort de peintre est donc obtenu au prix de la mort d'animaux.
Est-ce acceptable ? Chacun juge en conscience. 
Certains ne voient aucune objection.
D'autres pensent que rien ne peut justifier de tuer des animaux.
D'autres enfin estiment qu'on ne peut accepter que si on ne peut pas faire autrement, et qu'en tout cas on doit éviter les mises à mort qui font souffrir inutilement.

Ce message n'a pas pour but de vous dire ce qu'il faut penser, juste de vous donner de l'information sur ce sujet. Cette information d'ailleurs mériterait d'être vérifiée : je n'ai pas les moyens de le faire ; j'ai juste croisé des sources, essentiellement sur internet, mais ça ne suffit pas à valider complètement l'information.

Pour compléter : peut-on se passer des pinceaux d'origine animale ?

Il existe des pinceaux synthétiques. Ceux que j'ai personnellement utilisés ne m'ont pas convaincu, mais il faut dire que c'étaient des pinceaux très bon marché. Il existe des pinceaux synthétiques très sophistiqués, vous pouvez même en faire fabriquer sur mesure. Voir par exemple : http://www.rosemaryandco.com/  que Liz nous a recommandé.

Ce blog recevra vos résultats de tests et vos commentaires avec plaisir.

Pour vous donner aussi à voir, voici une aquarelle très simple de cet été.





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