Le blog Aquarelle-liberté a un an : le bébé commence à marcher

Le premier message de ce blog a été publié il y a un an, le 31 octobre 2010.
Pour fêter ensemble cet anniversaire, je vous offre un petit tour dans mes archives secrètes (chut !) : l'aquarelle qui suit date de l'été 1986, elle a été peinte dans les Hautes-Alpes, au-dessus du lac de Serre-Ponçon.

Sans notion aucune de ce qu'est l'aquarelle, je voulais juste essayer. C'était ma première aquarelle.



J'ai trouvé ce jour-là du plaisir. Un autre plaisir maintenant est de le partager avec vous.

Eglise de Taverny

Taverny possède une très belle église dont les parties les plus anciennes datent, je crois, du XIII ème siècle. C'est un beau sujet d'aquarelle. Beaucoup de mes balades en forêt de Montmorency y font étape et je cherche souvent à la photographier.

Malheureusement il est très difficile de trouver un "bon" point de vue pour en rendre compte de manière assez globale, qu'il s'agisse de l'intérieur ou de l'extérieur.

Alors, en attendant de trouver la bonne manière de s'y prendre, voici une petite étude rapide de ce que l'on peut voir en sortant du cimetière. Encore ai-je du "supprimer" des panneaux forts inesthétiques. Pourquoi faut-il que les services municipaux tabernaciens ou autres détériorent assez systématiquement les points de vue intéressants ? 


Pinceaux naturels ou synthétiques ?

Ce blog n'est pas destiné à aborder les sujets techniques qui font déjà l'objet de nombreuses publications, mais certains points habituellement passés sous silence méritent qu'on s'y attarde un peu.
A tous les débutants qui fréquentent les balades-aquarelle à Onnion j'explique que nous utilisons surtout des pinceaux à lavis en "petits-gris". Les petits-gris sont des écureuils d'Asie (il s'agit de plusieurs espèces), on utilise les poils de leur queue parce que ceux-ci retiennent très facilement l'eau, grâce à la forme des écailles microscopiques formant la gaine des poils. En réalité les fabricants mêlent souvent les poils d'écureuils avec ceux d'autres espèces animales (mustélidés, chèvres, poneys ...) et même parfois avec quelques fibres synthétiques.
D'autres pinceaux d'origine animale sont utilisés pour l'aquarelle. Les plus renommés sont en martre, et particulièrement en martre rouge Kolinski, qui retiennent fortement l'eau et qui sont plus nerveux que les petits-gris. On les utilise aussi pour l'huile, la gouache, l'acrylique. Là encore, ce qui est vendu sous le vocable de Martre cache des mélanges divers : des mustélidés tels que belettes, fouines ... mais aussi d'autres genres.
Où est le problème ? En fait il y en a plusieurs.

D'abord un "simple" problème d'information des consommateurs que nous sommes : sous diverses appellations "on" nous vend n'importe quoi. La qualité n'est pas suivie : cela s'explique par le fait que par nature (!) les poils des animaux sont forcément tous différents, et même s'ils sont triés avec soin, le fabricant ne peut pas les certifier. De plus, beaucoup de pinceaux sont montés à la main, il y a donc forcément des différences. Malheureusement, des fournisseurs en profitent pour refiler des marchandises qui ne correspondent pas à ce que l'artiste en attend. J'ai pu vérifier que le prix n'est pas toujours gage de bonne qualité, même pour des marques réputées sérieuses. Quand on paye un pinceau plusieurs dizaines d'euros on devrait pouvoir espérer qu'il ne s'effiloche pas dès les premières oeuvres.

Le deuxième problème, qui n'est pas second, m'a été soulevé par des vacanciers aquarellistes cet été aux Chavannes.
Les animaux qui "prêtent" leurs poils pour les artistes sont pour la plupart des animaux que l'on dit sauvages. Souvent sibériens, ils sont chassés avec des méthodes qui sont, elles, réellement sauvages : collets, pièges à griffes et à pinces, etc. Les animaux sont généralement tués pour leurs fourrures ; les poils servant à faire des pinceaux en sont un sous-produit. Il existe aussi des élevages : fouines,  belettes, hermines, visons etc.
Notre confort de peintre est donc obtenu au prix de la mort d'animaux.
Est-ce acceptable ? Chacun juge en conscience. 
Certains ne voient aucune objection.
D'autres pensent que rien ne peut justifier de tuer des animaux.
D'autres enfin estiment qu'on ne peut accepter que si on ne peut pas faire autrement, et qu'en tout cas on doit éviter les mises à mort qui font souffrir inutilement.

Ce message n'a pas pour but de vous dire ce qu'il faut penser, juste de vous donner de l'information sur ce sujet. Cette information d'ailleurs mériterait d'être vérifiée : je n'ai pas les moyens de le faire ; j'ai juste croisé des sources, essentiellement sur internet, mais ça ne suffit pas à valider complètement l'information.

Pour compléter : peut-on se passer des pinceaux d'origine animale ?

Il existe des pinceaux synthétiques. Ceux que j'ai personnellement utilisés ne m'ont pas convaincu, mais il faut dire que c'étaient des pinceaux très bon marché. Il existe des pinceaux synthétiques très sophistiqués, vous pouvez même en faire fabriquer sur mesure. Voir par exemple : http://www.rosemaryandco.com/  que Liz nous a recommandé.

Ce blog recevra vos résultats de tests et vos commentaires avec plaisir.

Pour vous donner aussi à voir, voici une aquarelle très simple de cet été.





L'âge mûr de l'eau : l'Oise à Auvers

Après sa naissance dans les sources de montagne, l'eau passe sa prime jeunesse a dévaler les pentes. Puis elle se calme progressivement, à mesure qu'elle passe de torrent en rivière, de rivière en fleuve.

L'Oise lorsqu'elle arrive devant Auvers, est à l'âge mûr.

Elle parait paisible, accommodante, recueillant avec plaisir toute la belle lumière qui filtre à travers les rideaux de peupliers. Pour autant elle ne se laisse guère plus apprivoiser par mon pinceau que le Risse, petit torrent de montagne. Elle peut être aussi changeante que lui, joueuse, mystérieuse. Je sais maintenant qu'il me faudra patience et efforts renouvelés pour apprendre à la connaître un peu, et saisir ses mimiques et son caractère.


L'eau n'est pas sage

L'eau naît dans la montagne. Elle y coure, saute, batifole, joue, dégringole allègrement les pentes. Elle est changeante et vive, et se pare de toutes les couleurs. Elle chante, et s'amuse à nous surprendre. Elle prend la pose et nous lance oeillades lumineuses appuyées que je prends pour invitations à l'observer, la photographier, la peindre. Mais la drôlesse se joue de nous et tout en feignant de garder la pose, trouve plaisir à se métamorphoser en permanence !
L'eau du torrent m'hypnotise. J'apprends progressivement à esquiver ses pièges, à faire semblant de m'intéresser à elle tout en clignant de l'oeil vers les éclats de lumière pour répondre à leurs signaux. Non ce n'est plus l'eau que j'essaye d'apprivoiser, c'est la lumière qu'elle transporte et magnifie.

 
 

Parfois au pied d'un barrage l'eau se love en lac et s'endort, transformée en miroir sage. La voici telle que je croyais qu'elle s'offrait à nous au lac Vallon.

Avec Christine, Jean-Mathieu et Adrien, tous les trois quasi débutants, nous nous étions installés face aux rochers de la Mottaz.  

Le lac n'était plus que miroir. A ce moment, plus rien ne bouge ; l'image devient éternelle.
Jean-Mathieu
 
Puis un souffle ténu est venu caresser la surface de l'eau. Nous ne le sentions pas, mais si faible était-il le miroir se troublait.
Toujours endormie, l'eau était maintenant parcourue de légers frissons. Des taches de couleurs se formaient, se déplaçaient, s'effaçaient plus vite que nos pinceaux pouvaient les suivre.
 


Adrien

 Même endormie, l'eau n'est pas sage.

Christine
Marc

Les petits lutins de la prairie

La balade-aquarelle nous avait menée ce jour-là à la Tornerie, sur le plateau de Plaine-Joux. Nous étions six, dont trois débutantes.

Là les sujets ne manquent pas : paysages, chalets, rochers, animaux, arbres particuliers ...

Emma a choisi de s'asseoir en haut de l'Alpage.  Face aux grandes herbes qui brillaient au soleil, elle a exprimé ce qu'elle en voyait. Elle les a observées, a jeté ses impressions colorées sur la feuille, puis s'est laissée guider par ses sentiments, jusqu'à la rêverie poétique, peuplée de malicieux petits lutins qu'elle a su apercevoir ...

L'oeil ne participe finalement qu'assez peu à la vision. Nous voyons surtout ce que nous connaissons déjà. Aussi, j'aime les esprits libres, qui regardent le monde à leur manière, et n'hésitent pas à partager leurs sensations : ils nous montrent des facettes insoupçonnées de ce qui nous entoure et que nous n'avons pas su voir, ils nous apprennent à les connaître afin que, sachant qu'elles existent, nous sachions dorénavant les re-connaître.



Sérénité sous le Col du Creux

Je suis revenu me poser sous le col du Creux, seul dans le grand champ qui domine le petit hameau du Tour, à l'endroit où j'avais accompagné quelques vacanciers aquarellistes quelques jours auparavant. 

C'est la fin août 2009, les ombres s'allongent. La lumière joue à travers branches et troncs des sorbiers des oiseaux, déjà joliment ornés de leurs grappes orangées et rouges. C'est à la fois grand et calme. On sent que la nature doucement prépare l'automne.

Un homme est arrivé loin derrière moi. Il porte barbe et longs cheveux blancs, et de vieux bleus de travail de la terre. On dirait qu'il n'ose pas s'approcher, bien que je sois chez lui, dans son champ. A mon invite il regarde, compare au panorama original, hoche la tête, me parle de l'exposition annuelle des artistes d'Onnion. Il apprécie mon travail même s'il conteste quelques couleurs, et je ne crois pas qu'il s'agisse d'une simple politesse. Je suis particulièrement sensible à l'intérêt qu'il porte à mon dessin.

Je ne terminerai cette aquarelle que bien des mois après. Je n'aurai pas retiré la gomme à réserver, qui laissera quelques séquelles, j'aurai raté l'effet de contre-jour dans les sorbiers, et la composition ne sera finalement pas très réussie. Qu'importe : je conserve dans ma mémoire sans savoir où la classer, l'impression si pleine de sérénité de ce lieu à ces instants.


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