La porte close au Rogin

Le temps était très couvert. J'accompagnais six ou sept volontaires - quasi débutants - pour une balade aquarelle. J'avais choisi d'aller au hameau du Rogin, au-dessus d'Onnion, où nous pourrions nous abriter si la pluie arrivait.
Chacun choisissant à la fois un sujet et un endroit assez confortable pour se poser, le groupe s'est dispersé. Je passais de l'un à l'autre, montant et redescendant les pentes, pour proposer aux uns et aux autres encouragements et explications : du sport !

Parmi les oeuvres réalisées lors de cette balade, en voici une que j'aime beaucoup.  Elle a du caractère, elle est spontanée. C'est je crois la première aquarelle de Claire. Elle est très différente de ce que je fais moi-même. J'apprends beaucoup lorsque je vois quelqu'un - débutant ou aguerri - s'exprimer de manière si personnelle.

Curieusement, cette porte close m'évoque un grand sentiment de liberté.



De nouveau les Fangles

J'ai voulu peindre à nouveau les Fangles fin août 2008. J'avais choisi un point de vue légèrement différent pour tenter de mieux équilibrer la composition. Montrer comment les chalets s'insèrent dans le virage du chemin. Je souhaitais aussi donner plus d'importance à l'arrière-plan : le temps était nuageux, brumeux, changeant, à gauche la base du massif du Mont-Blanc n'apparaissait que par lambeaux, sporadiquement, tandis que face à moi, dominant la scène, la Pointe Percée émergeait de la brume : on n'apercevait que la silhouette de la chaîne des Aravis, mais sa présence s'imposait.

Comme la fois précédente, il a fallu que je déménage en cours de travail, et que je l'interrompe.

Je ne l'ai poursuivi qu'en 2009. Une bonne occasion d'observer combien le paysage est à la fois constant et changeant. Depuis, je regarde les cathédrales de Rouen de Monet d'un autre oeil, et avec encore plus d'admiration et d'interrogations.


Les Fangles

Le chemin qui descend d'Ajon à Mégevette avec de nombreux méandres offre une grande variété de sujets. On pourrait sans se lasser, y venir peindre et se balader tous les jours.
Au bord du plateau de Plaine-Joux, à l'endroit où la pente se fait brusquement plus raide, les Fangles est un lieu particulier. Le ruisseau des Fangles y prend ses sources, qui dévalera jusqu'au Risse à Mègevette, si violemment parfois qu'il a fallu par endroits le contenir par du béton. Plusieurs chalets dispersés se sont installés aux Fangles. L'un au moins, celui qui est représenté ci-après, est occupé tout l'été. Je trouve l'endroit magique.
Mais pour l'aquarelliste le terrain est assez rude. Il est finalement difficile d'y trouver un emplacement qui offre à la fois un bon point de vue et un "confort" minimum. Le confort pour le peintre, c'est de pouvoir s'asseoir de manière stable et poser ses pinceaux et peintures sans que fourmis, guêpes ou vaches ne vous disputent le lieu. C'est être tranquille : être assis au milieu du chemin ne convient pas, les quelques 4x4 qui y passent n'apprécient pas. C'est si possible rester à l'ombre malgré la trajectoire du soleil.
J'ai peint ce chalet des Fangles en deux ou trois séances, mais j'ai du changer d'emplacement en cours de travail pour m'adapter aux circonstances : l'agriculteur voulait débroussailler exactement ici ce jour-là, puis les vaches ont tenu à s'abriter sous "mon" arbre ...  Je voulais respecter la "vérité" du paysage, mais la perspective a certainement été un peu bousculée et la composition s'en ressent.
Malgré ces déménagements et l'arrivée des nuages, c'est un agréable sentiment de sérénité que je ressentais dans ce lieu et que je voulais partager avec mon papier et tous ceux qui le regarderont.



Aquarelle en hiver : vif !

Le Môle émerge entre le Rocher Blanc et la Pointe des Brasses.

En mars dernier, raquettes aux pieds, j'ai tenté le paysage "sur le vif". Le froid aussi était vif, il n'y a que moi qui, à la fin de la séance, ne l'était plus beaucoup, vif.





Renouvellerai-je l'expérience ?

J'ai cherché sur internet quelques conseils à ce sujet. J'y ai trouvé que ce n'est pas facile, que l'eau gèle vite, que le papier ne sèche pas ... Merci je savais déjà !
Et qu'il vaut mieux mémoriser le paysage puis le peindre tranquilement bien au chaud.

Je ne sais pas si je suivrais ce sage conseil. La peinture "sur le vif" m'apporte en effet bien des avantages : j'ai l'impression que mon regard s'affûte par nécessité et que mon niveau de conscience augmente. Parfois, une certaine spontanéité s'impose d'elle-même : bienvenue ! 

La diversité des regards

Le Pont Piccot a souvent posé pour moi. Chaque fois est différente. Chaque fois s'impose un aspect particulier : une lumière, un sentiment, des couleurs, une envie de tenter une autre technique. Et puis, il faut bien l'avouer, l'eau joue sa partition personnelle imprévue  que l'aquarelliste maîtrise peu, et impose sa vision des choses, souvent avec bonheur.





La richesse de la diversité des regards est bien plus évidente encore lorsque plusieurs peintres attaquent le même sujet. J'aimerais vous montrer par exemple comment ce Pont Piccot a été vu par plusieurs personnes qui ont participé à la même balade-aquarelle.

Je souhaite en effet que ce blog ne reste pas un simple catalogue commenté de mes propres dessins mais qu'il s'élargisse à une pluralité de regards, de tentatives ... et de réussites !

Dans un premier temps, il pourrait accueillir les oeuvres des artistes novices ou confirmés qui, à Onnion ou ailleurs, m'ont suivi dans des balades-aquarelles.

Si vous en êtes, pouvez-vous s'il vous plaît m'autoriser à publier vos oeuvres ? Nous pourrions ainsi peut-être poursuivre une petite aventure commencée ensemble. Bien sûr je ne ferai rien sans votre autorisation.

Le Pont Piccot

Le Pont de Piccot permet au chemin qui va d'Amoulin (Commune d'Onnion) à Somety et Saint-Denis (Commune de Mieussy) d'enjamber le Risse. Le chemin n'est praticable qu'à pieds, à VTT, à cheval ou en tracteur. Aux abords du Pont Piccot, on peut accéder facilement au Risse.
Le Pont est étonnamment important et bien appareillé pour un si petit chemin. En fait, un examen un peu attentif des abords révèlent les vestiges de plusieurs constructions, sur chaque rive, en amont et en aval du Pont. Les restes de meules ne laissent aucun doute sur leur utilisation : il y avait là des moulins, l'endroit avait autrefois une portée économique certaine.

C'est un lieu sympathique pour pratiquer l'aquarelle tranquilement, et j'y suis venu assez souvent. J'en vois chaque année l'évolution : le Pont bouge, hélas ; les rochers du Risse, même parfois parmi les plus gros, se déplacent ; des arbres poussent, d'autres tombent. La vie, quoi.
L'aquarelle permet de sentir tous ces changements, qu'on appréhende si peu autrement.

Sur le vif, c'est à chaque fois une course de vitesse qui est menée contre les changements de lumière. Ce sujet m'a permis de me "jeter à l'eau". Aquarellement parlant.

Je vous livre aujourd'hui simplement la première aquarelle que j'y ai faite. D'autres suivront, mais celle-ci garde pour moi un esprit que je n'ai jamais su retrouver.




Au dessus des Gorges de Sales

C'est la seconde aquarelle de cette année que j'ai faite à partir d'une photo. Voici un peu de son histoire-géographie.

Les chalets de Sales sont une des belles randos classiques et faciles à partir de Sixt-Fer-à-Cheval (Haute-Savoie). Au sud de Sixt, la route passe à Salvagny, avec ses magnifiques chalets anciens, passe devant la cascade du Rouget, et s'arrête finalement au Lignon. Là, on ne peut continuer qu'à pieds. D'abord vers les deux magnifiques cascades : la Pleureuse, au débit constant qui arrive par résurgence de Tête Pelouse, et la Sauffaz qui descend des gorges de Sales. Un peu plus loin, le chemin se dédouble d'une part vers l'extraordinaire montagne d'Anterne, d'autre part vers les Chalets de Sales et, de là, vers la Pointe de Sales, les crêtes des Fiz, le Dérochoir, les Laouchets de Platé, la Pointe de Platé ...

Cette année, pas question hélas d'aller bien loin. Nous étions, ma femme et moi, accompagné de notre ami Michel. Avec lui, il y a toujours mille choses à apprendre, à découvrir, à apprécier. Comme je suis très lent, nous sommes arrivés en haut des gorges de Sales alors que le soleil était déjà bien haut.
Tout le massif - le Grand Massif - est calcaire. L'érosion laissent apparaître des structures stratifiées très fortes, inclinées de mille façons, et découpe la roche en lappiaz (prononcez : lappes). En haut des gorges, avant d'arriver sur le plateau où logent le refuge et les chalets de Sales, se trouvent des falaises aux strates très structurées. Le soleil, presqu'à la verticale, provoquait d'extraordinaires contrastes. Le calcaire presque blanc nous éblouissait, faisant apparaître les failles plus sombres et monumentales. Le contre-jour dévoilait le squelette auréolé de lumière de quelques mélèzes. Assez inhabituels dans la région, on trouve ces conifères à épines caduques plutôt de l'autre côté des Fiz, vers Passy et la vallée de Chamonix. Au pied des mélèzes et à tous les étages de la falaise, un troupeau de bouquetins dédaignait les randonneurs.

Là encore, le sujet est si sensible à la position du soleil que je n'ai pas imaginé sortir mes pinceaux,  je me suis contenté de l'appareil photo.


Syndrome sécuritaire

Il est très rare que je peigne d'après photo. Le plaisir de l'aquarelle, pour moi, c'est d'abord la découverte et l'observation - la contemplation parfois - d'une situation, d'une ambiance, dont  on cherche à extraire un "sujet".
Par contre généralement je prends aussi des photos : je m'en sers parfois pour quelques retouches, et souvent pour comprendre après coup ce qui n'a pas fonctionné dans l'aquarelle.

Mais le travail " sur le vif " n'est pas un tabou. Cet été j'ai commis deux aquarelles à partir de photos. La première est présentée ici. J'avais " découvert " ce sujet au cours d'une promenade dans le village d'Onnion. Ma femme et moi sommes passés devant cette chaîne rouillée à l'heure exacte où le soleil commençait à raser la porte. J'ai déclenché sans penser que je pourrais en faire un modèle.

Mais le mois d'août fût pluvieux. Quelques balades-aquarelle se sont déroulées ... à l'atelier, tandis que la pluie battait les vitres et les toits. Nous étions alors contents de chercher nos sujets dans les livres et magazines artistiques, et dans quelques photos tirées de l'ordinateur.

Tandis que Michel et Claude se sont essayés avec bonheur sur des Turner (des reproductions, rassurez-vous !)  je tentais la chaîne et son cadenas.


Sans la photo, j'aurais eu du mal à reconstituer géométriquement la forme de l'ombre sur la chaîne. C'est cela qui avait attiré mon attention de photographe, c'est encore cela qui m'a interrogé en peignant.
La texture et la couleur du bois étaient un défi. Je voulais que l'on comprenne bien que ce bois est brut, il y a des coups de scies qui viennent casser la structure verticale des fibres.
Du coup, j'ai trop négligé les anneaux de la chaîne. La pire erreur de cette aquarelle, je crois, est l'utilisation malencontreuse du noir pour marquer des ombres sur les chaînons du bas. Je me suis fait surprendre : je n'avais pas nettoyé mon pinceau, mais au mouillé la valeur et la couleur semblaient satisfaisantes. Or, si souvent les couleurs s'éclaircissent en séchant, ici ce fût tout le contraire. Ça m'apprendra !

Les couleurs ne sont pas bien restituées sur l'ordinateur, il faudra décidément que j'apprenne à étalonner mes appareils. Quelqu'un saurait-il m'expliquer pourquoi certaines couleurs - en particulier le bleu de Prusse - prennent une telle importance quand on les photographie ?

Je ne peux pas ne pas parler du sujet lui-même. La chaîne est assez irrégulière : elle a visiblement été forgée à la main ! Elle " ferme " la porte. Regardez à quel point son rôle est symbolique : la chaîne n'est tenue que d'un côté, le cadenas n'est fermé que sur lui-même. Serait-il posé pour réellement enchaîner que l'on verrait sans peine qu'on pourrait l'ouvrir sans trop de difficultés. En fait cette chaîne dit simplement : "s'il vous plaît, n'entrez pas ici, c'est chez moi". Et peut-être cela est-il aussi efficace que des caméras de télé-surveillance.


"ça ne se fait pas comme ça"

J'ai peint cette aquarelle il y a quelques années, très laborieusement. Je débutais en quelque sorte, et j'avais osé m'affronter aux arbres et rochers en me plaçant dans un lacet du chemin qui descend d'Ajon à Mégevette, au dessus des chalets des Fangles. Je vous parlerai ultérieurement des chalets des Fangles et vous en montrerai quelques aquarelles plus récentes.
En attendant, celle-ci a une histoire.
Je l'ai montré - à sa demande - à un prof d'arts plastiques qui venait nous conseiller dans un club que nous avions créé au boulot. Sa réaction fût : "les rochers, ça ne se fait pas comme ça, ils ne sont pas comme ça". Malgré l'estime que je portais au prof, et bien qu'il n'ait pas eu tort dans l'absolu, je lui dis alors mon profond désaccord, celui-ci n'ayant depuis fait que croître avec l'expérience.



En premier lieu, il y a dans le "ça ne se fait pas comme ça" l'idée que les choses devraient être représentées d'une certaine façon et pas d'une autre. Faudrait-il donc forcément céder aux conventions ? Certes tout au long des siècles d'innombrables artistes, dont beaucoup que je considère comme des génies, ont élaboré des manières de faire qui sont infiniment meilleures. Mais je garde ma liberté et mon plaisir - et vous engage à défendre les vôtres - d'essayer comme bon nous plaît. Nous avons droit à l'erreur.

En second, quiconque n'est pas présent sur place ne peut a priori contester ce qu'exprime celui qui y est. J'ai trouvé souvent la même attitude dans les situations professionnelles - je sais mieux que toi parce que je suis le patron - ou des situations universitaires - je sais mieux que toi parce que je suis le prof - ou des situations politiques - je sais mieux que toi parce que suis élu. Je réfute de plus en plus cet élitisme un brin arrogant, et je me surveille pour éviter si possible d'y succomber moi-même.
Je crois au contraire que chacun quel qu'il soit, débutant maladroit, étudiant ignorant, simple citoyen, en recherchant et créant son autonomie de création, en vivant des situations spécifiques, en se comportant autrement qu'en consommateur de prêt-à-penser, peut apporter son écot à la maison de la culture et de la connaissance commune.
 

Encore la pointe de Miribel

Certains jours la pointe de Miribel est plus sage, plus calme, presqu'assoupie. Elle se laisse alors tirer le portrait plus facilement.
Mais peut-être ces jours-là est-ce le peintre qui est plus calme, plus attentif, plus disponible aussi ?


A la différence de l'aquarelle précédente, qui avait été jetée brutalement sur le papier, celle-ci a été plus réfléchie pour tenter de rendre le modelé du paysage dans une composition plus construite.
Dès qu'elle fût terminée je savais que je la donnerais à une amie que j'estime beaucoup, une artiste vraie. Je suis fier que cette aquarelle figure dans sa collection.

La pointe de Miribel

Quelque soit l'endroit où l'on se promène sur le plateau de Plaine-Joux, on aperçoit la Pointe de Miribel. C'est une pointe sympathique : elle s'offre facilement à l'ascension.

De son sommet couronné d'un chemin de croix de marbre grossier, à 1581 m d'altitude, on découvre un formidable panorama sur 360 degrés, et particulièrement d'un côté la Vallée Verte et le Lac Léman, de l'autre les sommets du Chablais et, plus loin, le Mont Blanc. Et puis les Aravis, le Bargy, le Môle, la pointe des Brasses... Ceci dit pour vous inciter à y grimper. Mais avant cela, revenons à son esquisse.

Si la pointe s'offre à l'ascension elle s'offre aussi, forcément, à son portrait. Je l'ai donc proposée plusieurs fois à ceux qui m'accompagnaient dans les balades-aquarelles.
La pointe de Miribel est une belle dame : une fois ton regard et ton attention attirés vers elle tu l'observes et tu en ressens un mystère indéfinissable qui te pousse à la regarder et la découvrir davantage. Pinceau à la main, tu t'aperçois que tu étais passé mille fois devant elle mais que tu ne l'avais jamais véritablement regardé. Chaque coup de pinceau t'interroge, chaque regard t'apprend quelque chose de nouveau, qui donnera lieu à de nouvelles questions. Plus tu la connais et plus elle semble se dérober. Et quand tu crois avoir saisi l'un de ses traits, elle n'a pas son pareil pour se parer d'un nuage et se farder d'une imperceptible lumière pour te replonger dans l'interrogation.
Tu pourrais croire que ce modèle de calcaire immuable saura tenir la pose ? Eh bien non. Elle vit, respire, bouge, se présente à chaque instant d'une nouvelle manière.

Au début Août de cette année, j'ai voulu prendre de vitesse ses changements de caractère : en 10 mn j'ai laissé mon pinceau marquer rapidement quelques traits que mes yeux maintenant connaissaient d'elle à force de la regarder et de la représenter ou qu'ils découvraient  encore.


C'est un peu aussi cela que j'aime dans l'aquarelle en liberté : ce n'est pas forcément créer "une oeuvre", mais simplement apprivoiser le paysage. Ou plutôt c'est ce qu'il te laisse croire, car c'est toujours lui qui reste le maître.

Les rochers de la Mache

Il pleuvait.
J'ai peint ces rochers depuis la voiture, au bord de la route qui va de Bellevaux à Thonon. Les rochers de la Mache surplombent la petite route qui monte aux chalets de la Buchille.



Il pleuvait, jusque par la vitre ouverte de la voiture. C'était en juillet 2005.

Les rochers du Jotty

A n'en pas douter, nous étions déjà au mois d'Août : il faisait froid ! Ma femme et moi avions décidé de grimper jusqu'à la Pointe des Journées.
Depuis les chalets de la Buchille  elle avait pris beaucoup d'avance, et j'accélérai le pas. Je la rattrapai aux chalets de Pertuis, un peu essouflé. J'y fis donc une pose, assis au col de Pertuis. Sur ma droite le mont Billat me toisait, sur la gauche la pte des journées me faisait de l'oeil. Mais j'étais face aux magnifiques Rochers du Jotty, fascinants, qui se sont finalement imposés comme une évidence. Et je déballai mon matériel.
Le vent froid, dont la force est toujours exagérée au sommet des cols, me renvoyait mon papier dans la figure : il fallait faire vite. Ne pas trop réfléchir et laisser pinceaux et couleurs se débrouiller avec l'eau. Cette nécessaire (mais relative) rapidité et la capacité du vent à me vider la tête ont construit l'image. Je la découvrai presque en même temps que ma femme, lorsqu'elle revint de son ascension solitaire à la pointe des journées.




Pour vous situer : nous sommes là en Haute-Savoie, vers 1500 à 1600 m d'altitude. A gauche des rochers, le brouillard laissait par moments entrevoir le mont Ouzon. A leur droite, il cachait complètement la vallée d'abondance.

Le vieux chalet de la Tornerie

Ce vieux chalet aux tavaillons usés ne peut pas laisser indifférent. Il a une âme.

L'an dernier, j'avais essayé de la saisir rapidement, sur un grand format.
Certes la composition n'est pas très réussie, mais il fallait bien faire avec le terrain : la pente, les orties, la boue, le soleil, les vaches ...
J'ai laissé mon pinceau exprimer directement ce que je ressentais.


Chaque année cette bâtisse se délabre un peu plus. J'espère qu'on saura la restaurer avant sa ruine, sans lui ôter son âme.

Les vieux tavaillons à la Tornerie

C'était au début août, peut-être le 6. Après les grosses chaleurs de juillet, le temps changeait. J'ai emmené Michel et Liz à la Tornerie car Liz voulait apprendre à peindre un arbre. Il fallait un bel arbre, dans un endroit susceptible d'offrir un abri en cas de pluie. Le vieux chalet semblait le lieu idéal. Nous nous installâmes derrière, pour être abrités du vent.
Michel composait sa peinture méticuleusement comme à son habitude, et après que j'eus fourni à Liz quelques indications qui permettraient de comprendre la structure de l'arbre et les jeux d'ombres, de lumière et de couleurs qui en découlaient, elle s'attella à la tâche. Elle était tout à la fois attentive, perplexe, courageuse : ce devait être sa troisième ou quatrième aquarelle. Elle s'en tirait magnifiquement.
J'observais le pignon du chalet. Toute la partie supérieure était couverte de très vieux tavaillons. Ce sont des planchettes faites généralement de mélèze. Habituellement les tavaillons offrent une surface très régulière, ils sont disposés comme des tuiles. Mais le temps et les intempéries étaient passés. Les tavaillons ici sont déformés, usés, troués, parfois arrachés. Ils ont pris une couleur grise qui reflète parfois la lumière, et parfois l'absorbe. L'ensemble forme une surface qui n'est ni tout à fait régulière, ni tout à fait désordonnée. De ce point de vue, elle présente des similitudes avec la partie basse du pignon, qui est un mur en pierres, percé d'une fenêtre. J'ai construit une composition rapide en focalisant sur elle.



Comment peut-on rendre compte de la structure des vieux tavaillons ? En voici une photo. En couleurs !

Paysages d'intérieurs

Réalisés en octobre à l'Atelier Municipal d'Arts Plastiques à Taverny.
L'Atelier est très sympa, l'ambiance y est  joyeuse,  j'apprécie l'état d'esprit : on y cherche d'abord à se faire plaisir, en respectant et développant les personnalités de chacun.
J'y apprends beaucoup.


Les eaux-froides

Cette aquarelle date de 2008 je crois. J'avais tenté de comprendre comment je pourrais saisir la lumière et le mouvement de l'eau dans les ruisseaux de la montagne. Quelques essais, toujours laborieux, m'avaient montré  à quelle vitesse incroyable la course du soleil dans le ciel modifiait la lumière, les valeurs et les couleurs. Parfois en une seconde ce qui était foncé devenait brillant et vice-versa. Un vrai casse-tête.
J'ai repéré cette mini cascade à l'endroit où le ruisseau des eaux-froides se jette dans le Risse. L'endroit est assez ombragé, ce qui limitait considérablement les effets changeants de la lumière. Cela m'a donné le temps d'observer et de composer, en respectant le sujet.
Contrairement aux sujets qui s'offrent à l'intuition en quelques dizaines de minutes, celui-ci a été mûrement réfléchi. 
Je n'avais toutefois pas terminé en une séance, et je suis revenu quelques jours plus tard : le débit du ruisseau s'était amplifié et avait modifié l'agencement des pierres...  
Comment rendre compte du passage du temps, du changement, des évolutions ? 
En photographie, on peut utiliser des vitesses plus ou moins rapides pour provoquer des effets de "filé" ou au contraire figer le mouvement en un éclair de flash.
Mais à l'aquarelle on voudrait redonner d'un coup ce que le cerveau interprète de ce que voit l'oeil. Quelle prétention !
Mais quels moments intenses aussi.

C'était en juin à Bernay

La vigne se dorait la pilule au soleil.
Un rameau atteignait déjà le toit.



Bord de l'Oise

Hier dernier jour d'Octobre. Le soleil brillait. Je ne me souviens pas qu'il y ait déjà eu un pareil étalage de couleurs dans les feuillages de notre région à la veille de la Toussaint. Rapidement bretelle de sac à dos à l'épaule, direction l'Oise entre l'Isle-Adam et Mériel. Malheureusement, le temps d'arriver le soleil s'était caché. Restait un paysage tout à la fois bien connu et surprenant par l'éclat des couleurs chaudes sous le ciel gris.
Je voulais garder un souvenir de cette ambiance : peindre ce paysage, même rapidement, gravera plus sûrement ma mémoire que quelques photos. 
 

Le petit hameau de la Combe, en descendant de Plaine-Joux vers Mégevette

En grimpant en haut du champ, au pied de la pointe de Miribel, le paysage se fait vaste. Au loin, le Mont Blanc. On dirait qu'il jalouse la Haute Pointe qui domine ici. 
C'était les 7 et 8 août  je crois.

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