Les rochers des Fangles

Il n'est pas facile de savoir s'arrêter à temps.

La route qui descend d'Ajon à Mégevette est une source inépuisable de sujets, particulièrement dans les environs des Fangles.
C'est en quelque sorte le berceau de mes aquarelles. Ne connaissant rien à cette technique, je venais là, seul avec mon papier, mes couleurs, mes pinceaux et ma naïve espérance d'y apprivoiser la lumière. Ces tenaces expériences m'ont au moins permis de bien connaître les lieux.

Cette année j'y ai amené Michel, avec la ferme intention de peindre des rochers. Nous nous sommes installés à peu près au même endroit et nous avons peint de concert. Voici ce que j'ai produit.



Michel a découvert l'aquarelle il y a deux ans, dans les balades-aquarelles à Onnion. Fin connaisseur des règles de la perspectives et analyste des effets visuels, il dessine de manière très structurée et précise. Je lui avais proposé ce sujet pour nous obliger à une composition plus libérée. Très rapidement il avait saisi la sculpture des rochers, en deux couleurs. Tout était dit.

Malheureusement nous n'avons ni osé dire "stop", ni eu le réflexe de photographier son oeuvre à cet instant. Il a créé une composition très intéressante, juste à bien des égards. Mais  le désir de perfectionner l'oeuvre nous fait trop souvent perdre spontanéité et légèreté.

Pourquoi faut-il donc que ce soit le soleil, en courant dans le ciel, qui nous oblige à lâcher prise ?


Technique du grattage pour une autre cascade

Toujours au pied du Pont de la Tourne, je me suis attaqué à la petite cascade qui termine le petit plan d'eau, histoire d'essayer la technique du grattage pour rendre les éclats de lumière dans l'eau.
J'ai utilisé un papier lourd (450 g/m2) qui ne m'a jamais bien réussi.



Je ne suis pas vraiment convaincu du résultat. Je reconnais cependant que le grattage peut être une solution bien utile, l'effet obtenu est assez différent de celui de la gomme à réserver.

Les gorges du Risse sous le pont de la Tourne

Sous le Pont de la Tourne à Onnion, le Risse a creusé une gorge étroite qui finit en cascade. Le paysage est tout en hauteur, magnifique.

Le voici vu par Michel


 Par Catherine


 Par Liz


Et par moi-même. Fénéant, j'ai focalisé sur le bas de la gorge, ignorant le pont. Une autre fois peut-être ?


Voici enfin une photo du site. Ou plutôt un montage créé à partir de deux photos. En effet, même avec un objectif de 18 mm il n'est pas possible d'embrasser dans une seule photo le pont, la gorge et l'eau qui s'étend devant la cascade.

Remarquez le reflet déformé du pont. Voyez comme l'eau est une artiste créative. !


Eaux vives, regards croisés

Au bord du Risse, j'étais assis quasiment au même endroit que JM.. Le message précédent présente sa représentation d'une petite cascade dans l'eau. 

J'ai peint à peu près le même sujet, au même moment. Nos visions sont -fort heureusement- différentes. J'ai voulu saisir rapidement une lumière et des couleurs fugitives, et poser la complexité de toutes ces pierres qui jouent dans l'eau.

JM a su simplifier, structurer, aller à l'essentiel, adoucir. Avec patience, il n'a représenté que les pierres "importantes" c'est-à-dire celles qui provoquaient une petite chute de niveau, elles formaient une courbe.

J'aime ces moments forts où j'apprends beaucoup des "débutants". Merci JM, à toi et beaucoup de ceux que j'ai accompagné.



Eaux vives, nouveaux regards

L'eau d'un torrent est un sujet difficile à peindre.
Voici comment JM a rendu le mouvement d'une petite cascade sur le Risse.




JM est un quasi débutant en aquarelle, il a un regard très personnel.

Je l'avais emmené près de la vieille scierie de Mégevette. Pour choisir un coin assez lumineux et confortable, nous avons longuement longé la rive en nous battant sauvagement contre les arbustes, les hautes herbes et les grandes feuilles (d'adénostyles ?) détrempées. Puis nous nous sommes enfin installés sur une pierre presque plate, en marge d'une minuscule plage, cernés par la terrible jungle. Nous étions deux, un troisième n'aurait pas pu tenir.

J'ai voulu m'éloigner de quelques mètres pour prendre du champ et photographier JM en pleine action de peinture... Là j'ai découvert qu'un bon chemin arrivait tout près de cet endroit que nous avions cru inaccessible !




Lise aussi est une débutante, elle venait de découvrir l'aquarelle. Elle a choisi une cascade près du pont Piccot qu'elle a interprétée ainsi.


Lise n'était pas satisfaite de la manière dont elle avait rapidement traité les arbres, en haut. En traversant le petit ruisseau des eaux-froides elle a glissé, l'aquarelle est tombée à l'eau : Lise a trouvé que le résultat était pas mal...

Eaux vives

C'est tout naturellement que je me suis retrouvé au bord du Risse avec mes aquarelles dès que j'ai pu. L'eau, avec sa musique et ses lumières offre décidément un thème inépuisable. Je peux l'observer des heures durant, et y découvrir mille phénomènes étonnants, déroutants. 

Petite anecdote concernant l'aquarelle présentée ci-dessous. Ce matin-là j'avais recherché le calme et même la solitude. Je voulais me retrouver seul avec mes pinceaux et une furieuse envie de saisir la lumière et le chant de l'eau. Je m'étais installé sur un lit de galets, presqu'au milieu de la rivière.
Pour peindre l'eau sur le vif - alla prima disent les magazines, mais je croyais cette expression réservée à la peinture à l'huile - il faut faire très vite, car les changements sont souvent brusques et inattendus.
Je prends d'abord du temps pour choisir mon sujet et mon emplacement, en tenant compte du confort et de la course future du soleil. J'observe, je tente de me laisser imprégner par l'ambiance, constituant mentalement, presqu'inconsciemment, les éléments généraux de la composition.
Dès que l'eau commence à inonder le papier et que commence la danse des pinceaux, il faut aller à l'essentiel, travailler rapidement. Je regarde, j'observe un effet, je le pose sur le papier, je regarde à nouveau : il a disparu, un autre m'attire l'oeil : vite le saisir, tout en cherchant à comprendre pourquoi et comment il s'insère dans l'ensemble, et vite décider.

Être seul et disponible est donc important, et ce matin-là, donc, j'avais choisi le coin en conséquence. Mais deux personnes sont pourtant arrivées, un jeune garçon et son grand-père je crois, et bien que la rivière leur offrait des kilomètres de rives désertiques, ils ont choisi de venir déplacer les galets à deux mètres de mon siège ! Ce comportement, qui n'est pas le premier du genre, mériterait une petite analyse, mais ce n'est pas le lieu ici.



Cette aquarelle m'a posé d'autres problèmes, et je suis retourné peindre le Risse. J'en montrerai des résultats.
J'ai fait aussi beaucoup de photos, pour tenter d'analyser certains effets, comprendre comment se forment certaines de nos impressions. J'ai ajouté un onglet spécial dans ce blog sur ce sujet.

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